Ma mère dirait que je suis sauvage. Si je pouvais seulement me débarrasser de ma peur des ours, je m’installerais dans une petite cabane en bois rond dans le fin fond des bois, avec mes bottes de peau de castor, mes collants mauves – 30 degrés Celsius, mon chapeau de vison à l’arrière-grand-mère, et mon arc et mes flèches MEC. Je deviendrais ainsi la deuxième femme de la lignée familiale à tasser dans un coin la civilisation, après Émilie, première femme pionnière du Yukon. Ou la quatrième? La cinquième? Bof, après toutes celles qu'on a shippé dans le nord ontarien sur le bord de la 11, au début du XXe.
Bref, revenons au cinéma! Je me suis permise, hier soir, une folle dépense (frugale que je suis!): un billet de Gala à 20 $ pour n’aller voir que le film! Celui du Britannique Mike Leigh, Happy-Go-Lucky. Pas de regrets pour trois raisons :
1) L’exubérante garde-robe de Poppy, la joyeuse première, belle à l’anglaise (que j’aime les Britanniques pour ça. Ils trouvent la beauté féminine dans l’unique, pas dans le plastique).
2) La scène sous le pont qui m’a donné envie d’oublier ma langue pour en inventer une à moi toute seule.
3) Le groupe de p’tits vieux ricaneux, assis à côté de moi. Ils m’on donné le goût de faire avancer le temps, de filer vers la soixantaine pour (ré) agir comme une enfant en foule adulte. Voici un court extrait de conversation entre l’un d’entre eux et moi (pour vous donner une idée) :
P’tit vieux (en ricanant): Don’t mind my friend.
Suflureuse (en ricanant, elle aussi) : Oh! I really don’t mind.
P’tit vieux (sérieux) : He smoked tonight.
Sulfureuse (sérieuse) : Oh!
P’tit vieux (sérieux) : Oh, no! Not pot. Cigarettes. They are very dangerous, you know.
P’tit vieux, ses copains et Sulfureuse: fou rire général
Foule (tournant ses trois cents paires d’yeux vers nous) : shhhhhhhhhhhhhhhhht!
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