samedi 6 septembre 2008

Retourne chez toi et laisse-moi tranquille

Pour une fille de la 11, des pommes de terre violettes, c’est impressionnant. J’ai goûté à un avocat pour la première fois à 20 ans. Mes premiers fromages (pas en crottes) aussi, vers cet âge. J’y ai tout de suite pris goût et je goûte depuis à toutes sortes de nouvelles choses.

Je n’ai jamais pourtant senti qu’on m’avait privée de quoi que ce soit comme enfant kapuskoise. J’ai connu des goûts qu’on fréquente peu, encore aujourd’hui : de la soupe aux gourganes (que je déteste), du gibier sauvage, des slounes (grosses galettes de chasse qu’on enveloppe dans le foil et qu’on traîne dans nos poches dans le bois en cas de fringale). J’ai connu aussi cette liberté de petit village, étrangère aux enfants modernes des villes, super protégés, enveloppés, casqués.

Lorsque je retourne chez moi, où je suis née et j’ai joué, je quitte un monde nouveau pour retrouver l’ancien, que j’aime aussi. Également? Peut-être pas. Particulièrement, oui. Même si je n’y ferais pas ma vie, il y a une insouciance de vivre là-bas, une simplicité, une mélancolie qui me plaît à en mourir. Et la neige qui reste blanche.

Cela me surprend toujours de rencontrer quelqu’un qui s’ennuie de façon chronique de son chez soi, qui vit mal avec ce qu’il laisse derrière, souvent temporairement. Certains lieux nous habiterons toujours plus que d’autres et nous y retournerons naturellement. Mais en attendant, pourquoi s’en tenir à ce qui n’y est pas, à ce qu’on n’y retrouve pas, à ce qui ne nous ressemble pas? Pourquoi tenir autant à convaincre ceux qui l’habitent confortablement qu’ils ont fait le mauvais choix?

Retourne chez toi et laisse-moi tranquille. J'en ferai de même.

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