Toute cette fatigue de fin de journée, fatigue de soleil d’hiver qui se couche trop tôt, toute cette pesanteur éteinte par ce ciel en feu, rouge vif sur neige blanche.
Un feu dans le ciel après l’école, un feu de langue sur le poteau, un feu d’mitaines trempées aux os, un feu d’enfance sur la neige blanche, le ciel en feu dans tous mes membres, le feu dans le coeur pour tout ce qui reste.
Aucun message portant le libellé Enfance. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Enfance. Afficher tous les messages
mercredi 2 décembre 2009
mercredi 11 novembre 2009
Le boeuf en papier mâché et la parade du Père Noel
Il était une fois un bœuf en papier mâché qui rêvait depuis sa tendre enfance de participer dans un défilé du Père Noel. En poursuite de son rêve, il avait parcouru toutes les villes du Canada, de Saint-Jean, à l’extrême est, à Vancouver, à l’ouest extrême, pour trouver un chef de défilé du Père Noel qui lui dirait : « oui, tu peux l'être dans not’ parade, mon beau boeuf »!
Mais jamais, non jamais!, ne lui avait-on répondu oui! à ce pauvre bovin.
«T'es faite en papier mâché, tabarouette. Tu vas fondres sous not' belle neige!»
Tout débobiné, après des décennies de refus, de faillite et de perte de confiance en soi, le boeuf s'en alla se réfugier au milieu, à Sudbury, pour se cacher. Là, au moins, il pourrait brouter du vide pour bien remplir son gros coeur, vide, lui aussi.
Mais un bon jour, en trottant tristement sur la Elgin, après avoir consommé une bière, ou deux, ou trois, le boeuf rencontra une gang d'artistes qui, eux aussi, avaient connu une soirée bien arrosée.
« Aye! Que cé qu'tu fais icitte toé mon gros boeuf ?»
« Bah... Rien...»
« Ben, si tu fais rien, tu pourrais te joindre à nous pour la parade du Père Noel. On n'a pas de chariot! Un boeuf, ça va faire l'affaire!»
« Mais, je vais fondre sous vot' belle neige? Chu faite en papier mâché.»
« Pas grave, on peut te r'coller après, nous autres. On est bon là dedans!»
Après tant d'années de voyageage, de peine et de chagrin et de misère d'adulte, le petit coeur d'enfant du boeuf en papier mâché se rallumait. Il allait enfin vivre son plus grand rêve dans le défilé du Père Noel de Sudbury.
Pour accompagner le boeuf dans sa plus grande aventure à vie, cliquez ici.
Mais jamais, non jamais!, ne lui avait-on répondu oui! à ce pauvre bovin.
«T'es faite en papier mâché, tabarouette. Tu vas fondres sous not' belle neige!»
Tout débobiné, après des décennies de refus, de faillite et de perte de confiance en soi, le boeuf s'en alla se réfugier au milieu, à Sudbury, pour se cacher. Là, au moins, il pourrait brouter du vide pour bien remplir son gros coeur, vide, lui aussi.
Mais un bon jour, en trottant tristement sur la Elgin, après avoir consommé une bière, ou deux, ou trois, le boeuf rencontra une gang d'artistes qui, eux aussi, avaient connu une soirée bien arrosée.
« Aye! Que cé qu'tu fais icitte toé mon gros boeuf ?»
« Bah... Rien...»
« Ben, si tu fais rien, tu pourrais te joindre à nous pour la parade du Père Noel. On n'a pas de chariot! Un boeuf, ça va faire l'affaire!»
« Mais, je vais fondre sous vot' belle neige? Chu faite en papier mâché.»
« Pas grave, on peut te r'coller après, nous autres. On est bon là dedans!»
Après tant d'années de voyageage, de peine et de chagrin et de misère d'adulte, le petit coeur d'enfant du boeuf en papier mâché se rallumait. Il allait enfin vivre son plus grand rêve dans le défilé du Père Noel de Sudbury.
Pour accompagner le boeuf dans sa plus grande aventure à vie, cliquez ici.
mardi 26 mai 2009
Un père, son garçon et le poisson
Un petit garçon pêchait avec son père sur le quai du lac Ramsey, près de Science Nord, hier soir. Au moment où j’y passais, il sortait un poisson de l’eau, peut-être son premier à vie, de la joie dans le cri, un grand sourire sur le visage, et plein de lumière dans les yeux. Le père était aussi fou et fier que son garçon, et aussi agité que le poisson qui pendait-gigotait au bout de la ligne. Souvenir d’enfance en déroulement devant mes yeux.
les goélands et les enfants sont
à la pêche ça rit et ça crie sous
le grand ciel bleu par ici
Robert Dickson
mardi 19 mai 2009
À l'horizon, pas de retour
Une vieille dame lit un livre de recettes dans l’autobus entre Kapuskasing et Sudbury, côtelettes de porc et compote de pommes, ragoût de bœuf et pain maison, tarte à la mode et pouding chômeur. Elle parle de religion et d’éducation religieuse avec sa sœur, s’inquiète de l’avenir de ses petits-fils, les deux fils à son fils, son fils, avec qui j’ai été à l’école, au primaire puis au secondaire, et qui vit aujourd’hui ailleurs, comme moi, loin de la ville modèle. Qui va les préparer à recevoir les saints sacrements si les maîtresses ne le font plus? Pour Pâques, je leur ai offert un abonnement à Pomme d’api soleil, le magazine pour l’éveil spirituel des tout-petits. Je passerai à travers avec eux la prochaine fois que je les vois. T’es venue passer la longue fin de semaine à K…? C’est gentil. X vient une fois aux deux ans. Sa femme trouve ça loin. Qu’est-ce que tu fais à Sudbury? C’est un bon poste, ça. Tes parents doivent être contents, fiers. Je dirai à ta mère qu’on a voyagé ensemble. Ça va lui faire plaisir.
Pas de retour envisageable.
Pas de retour envisageable.
jeudi 14 mai 2009
Les faits et la mort
On m’a reproché de ne pas être assez factuelle aujourd’hui.
C’est un des plus beaux compliments qu’on m’ait fait.
Être factuel lorsqu’on vit dans une ville comme Sudbury, c’est presque comme vouloir mourir, non?
Un fait est un fait.
Une invention, par contre, ça peut être n’importe quoi.
C’est un des plus beaux compliments qu’on m’ait fait.
Être factuel lorsqu’on vit dans une ville comme Sudbury, c’est presque comme vouloir mourir, non?
Un fait est un fait.
Une invention, par contre, ça peut être n’importe quoi.
mardi 3 mars 2009
Petits arbustes sous toiles de jute
Chaque matin, en marchant vers l’arrêt d’autobus, je croise des enfants qui marchent vers l’école. Je ne sais pas si c’est le quartier ou la ville ou les pigeons ou l’air ou le soufre ou leur école ou… moi…, qui les rend si tristes, mais je n’ai aucun souvenir d’avoir autant regardé le sol en traînant avec grande peine mon corps avec mes jambes vers un soit disant lieu d’apprentissage et de culture (?)
Ces enfants ressemblent à des arbustes qu’on a couverts de jute pour l’hiver, et qui se transforment par magie en flore mobile, parce qu’il est mieux, décident-ils soudainement, de bouger un peu que d’être plantés là à mourir de froid.
Je leur ressemble aujourd’hui un peu, mais passé les 30 ans on a le droit, il me semble, de se couvrir de toile sans percer de trous d yeux un jour sur deux. De croiser chaque jour des bouts humains dépressifs qui mesurent sous les 4 pieds, c’est signe que l’espoir, ben, raccourcit puis pas juste un petit brin.
C'est pas con des enfants.
Ces enfants ressemblent à des arbustes qu’on a couverts de jute pour l’hiver, et qui se transforment par magie en flore mobile, parce qu’il est mieux, décident-ils soudainement, de bouger un peu que d’être plantés là à mourir de froid.
Je leur ressemble aujourd’hui un peu, mais passé les 30 ans on a le droit, il me semble, de se couvrir de toile sans percer de trous d yeux un jour sur deux. De croiser chaque jour des bouts humains dépressifs qui mesurent sous les 4 pieds, c’est signe que l’espoir, ben, raccourcit puis pas juste un petit brin.
C'est pas con des enfants.
Libellés :
500 University,
autobus,
centre-ville,
critique,
Enfance,
marcher,
Paris,
solitude,
Sudbury
jeudi 23 octobre 2008
Souvenirs de boucherie
Très jeune, j’associais Sudbury à la torture.
On y venait en famille pour régler mon problème de bouche. Je suis née avec un set de dents de trop dans la bouche. Conséquence : Mes dents d’adulte, temps venu, ne sortaient pas. Elles préféraient se bousculer, entre jumelles, derrière mes gencives, que d’en sortir.
Étant né dans le fin fond des bois du grand nord de la province de l’Ontario, on devait, à l’époque, voyager jusqu’à Toronto ou, si chanceux, Sudbury, lorsque notre corps clochait. Ça n’a pas vraiment changé, je crois.
Bref, ils ont réglé mon problème de bouche dans une boucherie à Sudbury lorsque j’avais quatre ans. Je m’en souviens très bien, mais je vous épargne les détails.
À l’adolescence, j’ai détesté Sudbury avec passion.
On nous racontait, dans mon école du fin fond des bois du grand nord de la province de l’Ontario, le désastre environnemental qu’avait été Sudbury et ce qui l’avait sauvée : sa cheminée, la plus haute du monde, qui assainissait ses terres environnantes en crachant son soufre sur nous, citoyens de la forêt, à 600 km de la maudite.
L’enseignant exagérait sans doute un peu pour intéresser les ados amorphes que nous étions, mais quand même. C’est pas correct, ça, voyons!
Adulte, je me suis réconciliée lentement, sûrement, un peu malgré moi, avec cette vilaine ville que j’ai choisie, quand même, d’habiter. Des fois, j’ai l’impression de lui en vouloir encore, mais bon, mes dents ont poussé, pas tout à fait droites, mais, j’en ai, au moins.
Merci, Sudbury.
On y venait en famille pour régler mon problème de bouche. Je suis née avec un set de dents de trop dans la bouche. Conséquence : Mes dents d’adulte, temps venu, ne sortaient pas. Elles préféraient se bousculer, entre jumelles, derrière mes gencives, que d’en sortir.
Étant né dans le fin fond des bois du grand nord de la province de l’Ontario, on devait, à l’époque, voyager jusqu’à Toronto ou, si chanceux, Sudbury, lorsque notre corps clochait. Ça n’a pas vraiment changé, je crois.
Bref, ils ont réglé mon problème de bouche dans une boucherie à Sudbury lorsque j’avais quatre ans. Je m’en souviens très bien, mais je vous épargne les détails.
À l’adolescence, j’ai détesté Sudbury avec passion.
On nous racontait, dans mon école du fin fond des bois du grand nord de la province de l’Ontario, le désastre environnemental qu’avait été Sudbury et ce qui l’avait sauvée : sa cheminée, la plus haute du monde, qui assainissait ses terres environnantes en crachant son soufre sur nous, citoyens de la forêt, à 600 km de la maudite.
L’enseignant exagérait sans doute un peu pour intéresser les ados amorphes que nous étions, mais quand même. C’est pas correct, ça, voyons!
Adulte, je me suis réconciliée lentement, sûrement, un peu malgré moi, avec cette vilaine ville que j’ai choisie, quand même, d’habiter. Des fois, j’ai l’impression de lui en vouloir encore, mais bon, mes dents ont poussé, pas tout à fait droites, mais, j’en ai, au moins.
Merci, Sudbury.
samedi 6 septembre 2008
Retourne chez toi et laisse-moi tranquille
Pour une fille de la 11, des pommes de terre violettes, c’est impressionnant. J’ai goûté à un avocat pour la première fois à 20 ans. Mes premiers fromages (pas en crottes) aussi, vers cet âge. J’y ai tout de suite pris goût et je goûte depuis à toutes sortes de nouvelles choses.
Je n’ai jamais pourtant senti qu’on m’avait privée de quoi que ce soit comme enfant kapuskoise. J’ai connu des goûts qu’on fréquente peu, encore aujourd’hui : de la soupe aux gourganes (que je déteste), du gibier sauvage, des slounes (grosses galettes de chasse qu’on enveloppe dans le foil et qu’on traîne dans nos poches dans le bois en cas de fringale). J’ai connu aussi cette liberté de petit village, étrangère aux enfants modernes des villes, super protégés, enveloppés, casqués.
Lorsque je retourne chez moi, où je suis née et j’ai joué, je quitte un monde nouveau pour retrouver l’ancien, que j’aime aussi. Également? Peut-être pas. Particulièrement, oui. Même si je n’y ferais pas ma vie, il y a une insouciance de vivre là-bas, une simplicité, une mélancolie qui me plaît à en mourir. Et la neige qui reste blanche.
Cela me surprend toujours de rencontrer quelqu’un qui s’ennuie de façon chronique de son chez soi, qui vit mal avec ce qu’il laisse derrière, souvent temporairement. Certains lieux nous habiterons toujours plus que d’autres et nous y retournerons naturellement. Mais en attendant, pourquoi s’en tenir à ce qui n’y est pas, à ce qu’on n’y retrouve pas, à ce qui ne nous ressemble pas? Pourquoi tenir autant à convaincre ceux qui l’habitent confortablement qu’ils ont fait le mauvais choix?
Retourne chez toi et laisse-moi tranquille. J'en ferai de même.
Je n’ai jamais pourtant senti qu’on m’avait privée de quoi que ce soit comme enfant kapuskoise. J’ai connu des goûts qu’on fréquente peu, encore aujourd’hui : de la soupe aux gourganes (que je déteste), du gibier sauvage, des slounes (grosses galettes de chasse qu’on enveloppe dans le foil et qu’on traîne dans nos poches dans le bois en cas de fringale). J’ai connu aussi cette liberté de petit village, étrangère aux enfants modernes des villes, super protégés, enveloppés, casqués.
Lorsque je retourne chez moi, où je suis née et j’ai joué, je quitte un monde nouveau pour retrouver l’ancien, que j’aime aussi. Également? Peut-être pas. Particulièrement, oui. Même si je n’y ferais pas ma vie, il y a une insouciance de vivre là-bas, une simplicité, une mélancolie qui me plaît à en mourir. Et la neige qui reste blanche.
Cela me surprend toujours de rencontrer quelqu’un qui s’ennuie de façon chronique de son chez soi, qui vit mal avec ce qu’il laisse derrière, souvent temporairement. Certains lieux nous habiterons toujours plus que d’autres et nous y retournerons naturellement. Mais en attendant, pourquoi s’en tenir à ce qui n’y est pas, à ce qu’on n’y retrouve pas, à ce qui ne nous ressemble pas? Pourquoi tenir autant à convaincre ceux qui l’habitent confortablement qu’ils ont fait le mauvais choix?
Retourne chez toi et laisse-moi tranquille. J'en ferai de même.
S'abonner à :
Messages (Atom)
Blogoliste
-
-
NOUVEAU SITE WEBIl y a 15 ans
-
-
-
-
-