jeudi 23 octobre 2008

Souvenirs de boucherie

Très jeune, j’associais Sudbury à la torture.

On y venait en famille pour régler mon problème de bouche. Je suis née avec un set de dents de trop dans la bouche. Conséquence : Mes dents d’adulte, temps venu, ne sortaient pas. Elles préféraient se bousculer, entre jumelles, derrière mes gencives, que d’en sortir.

Étant né dans le fin fond des bois du grand nord de la province de l’Ontario, on devait, à l’époque, voyager jusqu’à Toronto ou, si chanceux, Sudbury, lorsque notre corps clochait. Ça n’a pas vraiment changé, je crois.

Bref, ils ont réglé mon problème de bouche dans une boucherie à Sudbury lorsque j’avais quatre ans. Je m’en souviens très bien, mais je vous épargne les détails.

À l’adolescence, j’ai détesté Sudbury avec passion.

On nous racontait, dans mon école du fin fond des bois du grand nord de la province de l’Ontario, le désastre environnemental qu’avait été Sudbury et ce qui l’avait sauvée : sa cheminée, la plus haute du monde, qui assainissait ses terres environnantes en crachant son soufre sur nous, citoyens de la forêt, à 600 km de la maudite.

L’enseignant exagérait sans doute un peu pour intéresser les ados amorphes que nous étions, mais quand même. C’est pas correct, ça, voyons!

Adulte, je me suis réconciliée lentement, sûrement, un peu malgré moi, avec cette vilaine ville que j’ai choisie, quand même, d’habiter. Des fois, j’ai l’impression de lui en vouloir encore, mais bon, mes dents ont poussé, pas tout à fait droites, mais, j’en ai, au moins.

Merci, Sudbury.

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