mercredi 2 décembre 2009
Le ciel en feu
Un feu dans le ciel après l’école, un feu de langue sur le poteau, un feu d’mitaines trempées aux os, un feu d’enfance sur la neige blanche, le ciel en feu dans tous mes membres, le feu dans le coeur pour tout ce qui reste.
vendredi 21 août 2009
Feux de circulation
Il n’y a rien de plus troublant que d’observer la discipline dans un décor tout-à-fait ordinaire, banal. On saisit alors toute la force qui réside dans le pouvoir, et son possesseur, lui, peut tout aussi bien imposer un feu de plus qu’une taxe, une vision ou une guerre.
jeudi 7 mai 2009
Jeune femme, tu as le choix!
D’après mes observations, les seuls à publiciser dans les autobus de Sudbury sont les organismes Pro-vie. Ils en ont bien le droit, pourvu qu’on ne m’attaque pas à coup de matraque si j’ose exprimer une opinion contraire.
Mais côté lecture le matin, j’aimerais bien bénéficier d’un peu de variété. Un fœtus sur fond mauve qui invite les jeunes femmes enceintes à composer le numéro d’une ligne d’aide, sûrement moralisatrice, ça ne contribue pas beaucoup à l’éveil de l’esprit.
Si j’avais les poches pleines de sous, je les achèterais tous, ces espaces publicitaires dans les autobus de Sudbury, ou au moins ceux sur le 500 University, un autobus qui charrie en majorité de gens qui fréquentent un lieu de haut savoir, où l’on encourage la pensée critique, le débat des idées et l’engagement social! (?) Oui. C’est un fait.
Sur mes annonces, j’y ferais imprimer du texte noir sur fond blanc, parce que lorsqu’on fréquente l’université, on ne devrait plus avoir besoin de dessins pour apprécier, comprendre et imaginer le monde. Des organigrammes, peut-être, mais pas de dessins.
Ne pensez surtout que je suis contre les dessins. J’aime bien les dessins. Preuve? Cliquez ici. Mais les mots, c’est mieux. Bon. Voilà un argument digne d’un baccalauréat.
Sur mes espaces publicitaires blancs, je pourrais écrire en noir, par exemple :
- Ton sac prend la place d’une personne qui est debout en ce moment. Bravo.
- Les vaches s’évachent dans les champs. Et dans les autobus? Oui on Non?
- Tu viens de raconter tes péripéties sexuelles de la veille à un public de 50 personnes. Deux personnes n’ont rien entendu. Parle plus fort la prochaine fois.
- Touche le dessous de ton banc... LOL!
- Minouchage extrême interdit (Ce n’est pas juste moi qui a le goût de vomir).
D'autres idées?
Des dons en vue d'achat d'espaces publicitaires?
jeudi 30 avril 2009
L'art des communiqués
mardi 31 mars 2009
Des foetus dans l'autobus
Des fœtus qui n’ont pas toute leur tête, des fœtus qui n’ont pas tout leur corps. Des fœtus intelligents, sérieux. Des fœtus pauvres.
J’ai vu dans l’autobus des fœtus qui sont ici par obligation, pour faire avancer leur carrière. Des fœtus qui ont choisi d’être ici, et d’autres qui n’ont jamais eu le choix de rester ou quitter.
Des foetus qui n'ont jamais pensé à leur état. Jamais.
Dans l’autobus, ce matin, j’ai vu des mères donner naissance à des enfants, et des enfants oublier leur naissance pour vivre des vies d’adulte en solitude.
Ensuite, j’ai vu des corps en décomposition.
L’autobus est disparu.
mardi 3 mars 2009
Petits arbustes sous toiles de jute
Ces enfants ressemblent à des arbustes qu’on a couverts de jute pour l’hiver, et qui se transforment par magie en flore mobile, parce qu’il est mieux, décident-ils soudainement, de bouger un peu que d’être plantés là à mourir de froid.
Je leur ressemble aujourd’hui un peu, mais passé les 30 ans on a le droit, il me semble, de se couvrir de toile sans percer de trous d yeux un jour sur deux. De croiser chaque jour des bouts humains dépressifs qui mesurent sous les 4 pieds, c’est signe que l’espoir, ben, raccourcit puis pas juste un petit brin.
C'est pas con des enfants.
mardi 18 novembre 2008
La neige et l'avancement
On n’a pas vraiment besoin de raquettes pour traverser le lac, mais d’en porter aux pieds ravive le voyage-souvenir d’une autre époque, le rêve d’une conquête en contrée sauvage, le sentiment qu’il n’est pas nécessaire d’avancer à tout prix, qu’il est bon de prendre du recul, de rappeler en soi le sauvage et l’ancien.

mercredi 12 novembre 2008
Être ou avoir?
« J’ai hâte d’être fini l’école pour toujours. »
J'critique pas! J'critique pas, là, là... Énervez-vous pas.
Au moins, elle parle français.
lundi 20 octobre 2008
Mexico, un autobus et une voix qui porte
Expérience inhabituelle, mais agréable. Ça me fait fantasmer:
Les gens extraordinaires délaissent leur voiture pour goûter à la vie des gens pauvres et « ordinaires »? (Que j'adore employer ce mot depuis la bévue de Stephen) Hum. Non.
Les pauvres étudiants réalisent enfin qu’une voiture est un luxe lorsqu’on fait ses études? (hi... tu vas te faire lapider toi, demain). Hum. Non plus.
La population urbaine de Sudbury à triplé en une nuit magique du mois d’octobre et on ne commence qu’à s’en apercevoir?
J’ai bien peur que cet amour soudain du commun n'ait qu’une explication : un trajet de moins le matin pour le University Express.
J'aime être débout dans l'autobus. De ma haute stature, je vois tout, sauf l’extérieur, je sens tout. J’entends tout, aussi, ce qui me porte à croire que les gens intelligents préfèrent se taire en public.
- Quelle arrogance!
- Tu dis?
Ou peut-être que les gens cons naissent avec une voix qui porte davantage?
Je vote pour la deuxième option.
mardi 30 septembre 2008
Portrait de Paris, 8 h 30
Le vieux, déjà rendu de l’autre bord, attendait sa vieille, qui n’avait pas eu le temps de tout traverser d’un coup avant que les autos recommencent à filer.
Elle se tenait sur l’île, entre les deux voies, guettait l’occasion, sa tête sortant comme une épingle d’un manteau trop grand flottant sur son dos courbé.
Finalement, à pas de souris, rapides et lents à la fois, elle a pu traverser pour rejoindre son p'tit vieux.
Ils ont continué leur chemin vers le centre-ville de Sudbury, pour le café, sans doute.
Je les regardais faire en attendant le feu vert, coin Paris et John.
Je suis vraiment trop sage et, surtout, beaucoup trop peureuse.
vendredi 26 septembre 2008
Sulfureuse Tincka Turtle
Un récent soir, bien assise dans mon autobus préféré, mon ipod jouant bien fort dans mes oreilles, j’écoutais une nouvelle érotique. Une nouvelle érotique ben cheap, lue par une fille qui s’appelle Tincka Turtle, imaginez-vous, parce qu’y’ a pas d’Anaïs Nin sur itunes encore. Scandale!
J’ai baissé le volume lorsque les esclaves ont commencé à fouetter les seins d’une femme nue étendue en étoile dans un filet suspendu au plafond du sous-sol d’un bar sombre de Londres dans les années 1940, alors que son mari, attaché sur une chaise, sous elle, se masturbait frénétiquement...
… Puis, le petit gars à côté de moi dans le 500 se doutait de quelque chose, j’en suis persuadée. Des ipods trop forts dans les oreilles... ben.
C’est une recherche que je fais pour mon roman. Sérieux, là, croyez-moi, ne me jugez pas. Je n’écouterais jamais ce genre de chose en public sans but, voyons, vous me connaissez.
Bref, Tincka Turtle m’a donné une idée. Sudbury ou un petit goût de soufre sucré publiera, avant Noël, une nouvelle littéraire érotique sudburoise de qualité. Oui, de qualité, dis-je.
Je voulais vous préparer un peu à l’avance parce qu’on est assez pudique quand même comme ville, hein?
Puis, je voulais vous laisser la chance d'influencer le cours de l'érotisme sudburois, me lancer des idées comme ça, si ça vous le dit. De lieux, de genres, de moments, de couleurs, de textures, d’accents, de personnages, d’accessoires qui sentent la sulfureuse Sudbury.
Contribuez à élever cette ville au rang des grandes capitales mondiales de l’érotisme littéraire.
Anonymement, ça ira. Je ne force personne.
Vous pouvez aussi répondre à mon sondage, si ça vous gêne trop.
mercredi 27 août 2008
Actuellement, j'pense que t'es right
Je me trouve
dans un autobus
de la ville et
c'est l'autobus
université-sanatorium
et il est bondé et
je suis bandé comme
un bûcheron sous mes
combines cosmiques
On se bouscule
on se majuscule et
se minuscule tandis que
derrière moi,
une Franco-Ontarienne dit à
une autre Franco-Ontarienne:
« Tu sais, il y a du monde
qui sont vraiment pas
considérables… »
Patrice Desbiens, Poèmes anglais (Prise de parole, 1988)
Merci d'avoir venu sur mon blogue (tournure empruntée d'une mariée qu'a connu NR).
mardi 26 août 2008
Le retour de Davy Croquette
J’en ai vu un, ce matin, un étudiant, attriqué circa 1629, sur le 500 University. On aurait dit une légende de la frontière, un Davy Crockett moderne, un Radisson ressuscité cherchant en vain sa French River (ou son rasoir) au pays des Youronns.
Incursion # 1 dans le non-dit:
Vieille picouille désabusée : « Emmène-moi! Emmène-moi! », cria-t-elle du
fond de ses poumons, à présent debout sur son siège.
Jeune Croquette innocent : « Ouate de phoque? Ouate de phoque? »,
rétorqua-t-il, en sonnant le conducteur pour sortir du 500 au plus sacrant.
Avec un sac d’expédition de 60 kilos sur le dos, j’ai deviné enfin que ce jeune sauvage barbu suivait le baccalauréat d’activités en plein air de la Laurentienne (quel judicieux choix de programme) et qu’il partait sans doute dans le bois, ce matin, pour bâtir l’esprit d’équipe du groupe 2008.
Incursion # 2 dans le non-dit:
Vieille picouille désabusée (en dévisageant avec admiration Jeune Croquette innocent) : Tu te rends compte que tu n’auras pas à passer le plus gros de ton temps dans un bureau beige, devant un écran noir qui te regarde taper des chiffres et des mots sur un clavier gris à longueur de journée?
Jeune Croquette innocent (qui se sent dévisager) : …
Vieille picouille désabusée : ...Que tu pourras t’endormir d’épuisement
physique le soir, au lieu de compter les trous au plafond, la tête qui
tourne?
Jeune Croquette innocent (en se tournant pour surprendre sa dévisageuse): …
Vieille picouille désabusée : ...Que lorsque tu auras le goût de pleurer,
ce sera parce que tu ne seras plus capable d’endurer les mouches noires,
les piqures, les brûlures, les ampoules, la faim, le froid, la chaleur ou ta
vraie peur de mourir pour de vrai? Pas parce que t’auras l’impression que rien
n’avance ou ne change, avec ou sans toi?
Jeune Croquette innocent (en croisant le regard de sa dévisageuse) : …
Vieille picouille désabusée (fixant Jeune Croquette innocent droit dans les yeux): ...Que tu mourras sans doute de façon spectaculaire? Pas d’un ulcère, d’une crise de nerf ou d’un cancer?
Jeune Croquette innocent (en se rendant compte que la fermeture éclair de
son pantalon est décousue) : Ouate de phoque?
vendredi 15 août 2008
Sudbury porte des leggings
Ce n’est pas la première fois que je regarde son cou comme ça. Il sue à grosses gouttes depuis le début de l’été, et, entre vous et moi, on ne peut pas dire qu’on a eu une saison estivale très chaude à date, hein ?
J'essaie de ne pas regarder, mais c'est plus fort que moi. La forme, la couleur et la grosseur de ses gouttes de sueur me fascinent, beaucoup plus que le fait qu’il sue même s'il fait assez froid pour que le lac Ramsey chute de quelques degrés avant midi.
Le sueur en série, toujours bien habillé, est un des rares professionnels à se servir du transport en commun à Sudbury (d’après mes observations sur une période d’un an). On se sent d’ailleurs toujours un peu looser quand on prend l’autobus ici. Tu prends l’autobus parce que t’as pas de truck et t’as pas truck parce que t’es grosse, t’es laide, tu pues pis t’es pauvre.
Il faudrait que je m’achète des leggings.
Blogoliste
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