dimanche 23 août 2009

Parcelle d'humanité

J’ai carrément dit à un indien hier soir qui m’accostait au centre-ville de Sudbury que je n’avais pas d’argent à lui donner, alors qu’il ne m’avait même pas encore posé la question. Je charriais mes sacs d’épicerie qui pesaient deux tonnes au bout de mes bras, et un sac à dos attaché à la taille qui en contenait autant, sinon plus. Je m’empressais à rentrer pour me reposer, retourner à ma petite vie tranquille à l’écart des défis du monde, puis fermer les yeux pour ne penser qu’à ça, les insurmontables inégalités, étendue dans un lit confortable, sur un matelas neuf, même pas le goût de me saouler, parce qu’il y a des choses à faire demain, le lavage, la vaisselle, le ménage, la poésie, le rattrapage dans un travail que je déteste, l’émission qui m’accroche à cette boîte dans le salon. Non, je n’ai rien à donner, même pas une petite parcelle d’humanité.

2 commentaires:

  1. J'ai rencontré cet Indien. Ya l'air d'un bon gars. Il m'a dit de ne pas t'en faire, que de toute façon il boit un peu trop. Il sait très bien que tu n'es pas du côté des méchants, à supposer que ce genre de monde là existe.

    RépondreEffacer
  2. Merci, Anonyme. La prochaine fois, j'arrêterai lui parler.

    RépondreEffacer