Jean Forest a mis le doigt sur l’adjectif qui décrit Sudbury mieux que tout autre : kaki.
Kaki, une couleur de poussière, jaunâtre, tirant sur le brun, peu voyante, peu salissante, utilisée surtout pour les vêtements militaires et sportifs (Petit Robert).
Malgré ses quelque 300 lacs, ses espaces verts, ses forêts vierges, son imposant roc qui la protège comme un fort, Sudbury demeure un « univers kaki ». Il l’a si bien dit.
C’est ce qui déçoit lorsqu’on la visite pour la première fois. Une ville supposée mythique ne peut pas être kaki. Le visiteur, déçu mais optimiste, demande parfois à la caissière du gaz bar si l’on ne devient pas temporairement daltonien à Sudbury.
- No.
- À cause du soufre dans l’air peut-être?
- No?
- Des coulées aveuglantes de slag jaune-orange?
- No, no, no.
- De la boucane qui sort de cette espèce de grosse tour là-bas, là?
- Nooooo!
- En passant, est-ce qu’on peut y monter?
- Are you crazy? Not only you’ll be blind, you’ll be dead.
L’actuel boom économique, nickel en demande, et cette espèce de crise du logement qui en découle ne font qu’empirer la patente. On s’est mis à construire sur ce qui reste de roc nu des boîtes de 3 000 pieds carrés accotées l’une sur l’autre comme des sardines marinées, beiges et grises. Ces maisons sont imposantes seulement pour les familles qui sont dedans parce que de loin, franchement, elles prennent l’air de boîtes d’allumettes plantées sur la bedaine noire majestueuse de Sudbury, diminuée, malgré elle, par de la belle bêtise urbaine.
J’ai peut-être enfreint la loi en peinturant mon garde d’escalier rouge pétant? Si je ne blogue plus dans les semaines à venir, vous saurez où me trouver.
P.S. : Pour les curieux, j’ai placé un extrait de Jean Forest chez les Anglais dans la section Sudbury Cité. On en avait utilisé une partie pour l’Autobus de la poésie, scène ancien Canada Bread.
dimanche 17 août 2008
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